• APPEL DE LA CAALAP

     

    Dans un contexte général de montée en puissance del’extrême droite en France, une offensive fasciste frappe actuellement violemment l’enseignement. La coordination réunit donc des enseignant.e.s du primaire, du secondaire et de l’université, déterminés à faire barrage aux manœuvres d’intimidation et de menaces propres aux méthodes de cette minorité performative, agissante, à laquelle le pouvoir en place tend plutôt à ouvrir des portes, en opposition flagrante à tous les principes de citoyenneté affirmés par l’Éducation nationale.

    En effet, il nous semble crucial de faire front ensemble,à tous les niveaux de l’enseignement et de la recherche, tou.te.s visé.e.s de manière violente par le négationnisme d’extrême-droite.

    Depuis 2022, des militants du parti Reconquête ont mis sur pied le réseau Parents vigilants, dont l’objectif est de faire pression sur les enseignant.e.s pour purger les programmes de tous les éléments de réel qui viendraient fragiliser les rhétoriques d’extrême-droite. Chaque semaine, partout en France, des enseignant.e.s sont ciblé.e.s pour avoir simplement fait leur travail. Ils et elles se retrouvent taxé.e.s de propagande, jeté.e.s à la vindicte des réseaux sociaux, menacé.e.s jusque dans leur vie personnelle et leur vie tout court (appels explicites au viol, au lynchage et au meurtre).

    Des procédures d’intimidation, de multiples violencesenjoignent aux enseignant.e.s chercheur.euse.s de se museler, de censurer les programmes sous la menace de représailles. Enseigner la réalité des faits sur l’histoire coloniale, sur la Shoah, les questions migratoires ou encore la théorie du genre devient une prise de risques, et l’enseignement, un métier dangereux.

    Dans un tel contexte, où ces attaques sont devenues unmode opératoire bien huilé, où les institutions de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieur sont explicitement dans le viseur des identitaires et des partis d’extrême-droite, la CAALAP appelle les collègues à s’organiser de façon solidaire pour stopper ces agressions et défendre nos enseignements.

    La Coordination déploie son action autour de trois axes :

     

    1) Une base d’information : il s’agit de réunir les informations et les analyses des mouvances fascistes réactivées, de dresser un état des lieux, de mettre en visibilité les multiples cas de pressions subies par des enseignant.e.s et chercheurs partout en France, trop souvent invisibilisées.

     

    2) Un volet formation : il consiste à créer des outils pour enseigner dans le contexte de fascisation du pouvoir et des réseaux sociaux. Comment enseigner l’histoire coloniale à des élèves conditionnés au racisme ? Comment enseigner la Shoah à des élèves conditionnés à l’antisémitisme ? Comment présenter la théorie du genre à des élèves conditionnés à l’homophobie ? Comment enseigner le fait
    migratoire à des élèves conditionnés à la xénophobie ? Comment faire valoir comme principe d’éducation l’inacceptabilitité de toutes les formes de discrimination, quand les défenseurs des droits sont poursuivis par un Ministère l’intérieur lui-même inféodé à l’extrême-droite ? Il nous faut
    réfléchir à des méthodes collectives d’enseignement, nourries par la recherche, afin non seulement de ne pas déserter, mais bien plutôt de réactiver et revitaliser ces champs du savoir et d’une éducation à la défense des droits fondamentaux.

    Ces outils peuvent être discutés et diffusés par le biaisde formations syndicales, en lien avec VISA, et par le biais du Plan Académique de Formation dans l’enseignement primaire et secondaire. Leur nécessité doit ainsi pouvoir être affirmée et reconnue.

     

    3) Un guide d’autodéfense pratique en cas d’attaque : il repose sur la mise en place d’une cellule de crise, constituée de personnes ressources, dont les compétences et l’expérience doivent permettre de soutenir les collègues victimes de pressions ou d’attaques fascistes. Des personnes aux compétences identifiées (dans le domaine du droit comme dans celui des sciences sociales ou de leur propre expérience devenue expertise) pourront orienter les collègues concernés et leur éviter un isolement synonyme de vulnérabilité. Le collectif pourra aussi être un interlocuteur vis-à-vis de la direction d’un
    établissement, du rectorat d’une académie ou d’une présidence d’université.

     

    Étant donné la systématicité et la récurrence des pressions et attaques subies par les enseignant.e.s, il est urgent de nous mobiliser pour que plus aucune de ces pressions ne soit tolérée, pour dresser
    un barrage intransigeant et ferme contre le fascisme.

     

    Nous appelons chacun.e à participer à ce collectif activement, à se mobiliser en proposant ses compétences dans l’un ou plusieurs des trois axes ci-dessus.

  • Brèves

    Actualités

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    La guéguerre entre Reconquête! et le RN: et l'école dans tout ça?

    Samedi 4 novembre 2023 se déroulait une opération de communication politique soigneusement organisée. A l’invitation du sénateur Stéphane Ravier, dont les affinités avec le parti Reconquête ! sont bien connues, se tenait un colloque réunissant des membres du collectif Parents vigilants. La CAALAP y était.

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    Des parents vigilants au Sénat: les réactions de la classe politique

     

    La CAALAP (Coordination Antifasciste pour l’Affirmation des Libertés Académiques et Pédagogiques) dit NON à l'invitation du collectif "Parents vigilants" au Sénat, par le sénateur Stéphane Ravier. Interpellons le ministre de l'Education Nationale pour défendre la démocratie contre les violences de l'extrême droite. https://blogs.mediapart.fr/caalap/blog/251023/parents-vigilants-au-senat-cest-non

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    Soutien de la CAALAP à Roland Pfefferkorn

     

    Lettre ouverte d'universitaires en soutien à leur collègue Roland Pfefferkorn

    Les membres du Conseil d’unité du « Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles – LinCS » (CNRS/Univ. de Strasbourg) manifestent leur indignation suite à l'interpellation puis la mise en garde à vue de leur collègue Roland Pfefferkorn, Professeur émérite de sociologie à l'Université de Strasbourg, à l'issue de la manifestation strasbourgeoise « Halte au massacre à Gaza » du 28 octobre 2023.